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31/01/2013

Nouveau produit dans le marché :Economie islamique


Najah Chekir, enseignant-chercheur à l'université Montplaisir à Tunis​

Nous allons donc parler de la finance islamique, comprendre comment fonctionne-t-elle ? En quoi se différencie-t-elle de la finance traditionnelle ? et par la suite nous verrons comment cette finance a mieux résisté à la crise que les banques dites conventionnelles. En guise d’introduction Monsieur Chekir pouvez-vous nous présenter les principes de la finance islamique ?

Les principes de la finance islamique sont clairs, bien codifiés et sont facilement compréhensibles. Les principes sont au nombre de cinq, cinq principes fondamentaux :

1) L’interdiction de l’usure, la riba, l’intérêt. Toute forme d’intérêt est considérée comme un surplus d’argent. L’intérêt n’est pas qualifié de productif, l’argent sur de l’argent étant banni. Ceci est un principe que l’on retrouve dans les grandes religions monothéistes.

2) L’interdiction de ce qui est spéculation et aléas. Spéculation pour éviter des phénomènes de dérive tels qu’on les connaît aujourd’hui avec l’économie « casino ». Beaucoup d’économistes ont plaidé en faveur de cette cause selon laquelle l’économie actuelle est en dérive. Il n’y a donc pas d’incertitude dans les contrats, incertitude dans les affaires entre les différents acteurs ce qui permet de stipuler un certain nombre de choses : le prix, la désignation du produit de façon à être sûr des bases sur lesquelles on fait des transactions et notamment dans les services financiers.

3) Un principe fort d’adossement des actifs par rapport aux transactions. Les objets des contrats en finance islamique est un objet qualitatif, quantitatif basé sur des biens réels et non pas sur une somme monétaire qui en plus n’est pas connue. En finance islamique il y a un adossement fort, consubstantiel à un actif.

4) Un principe fort de partage des pertes et des profits qui fait qu’il y a un engagement entre les deux parties. Il n’y a pas de perdant et de gagnant, un prêteur et un emprunteur mais il y a bien différentes parties qui s’engagent ensemble à faire la transaction donc au lieu d’être dans une relation créancier/débiteur on est plutôt dans une relation commerciale entre un acheteur et un vendeur parce que la banque même si elle fait un métier financier participe à la transaction : elle achète souvent le bien pour le revendre à son client ce qui fait qu’il y a vraiment un passage par le biais de l’actif qui supprime un certain nombre d’aléa.

5) Un principe d’équité, de justice. L’économie selon la finance islamique doit être au service de l’homme et non pas pour une catégorie de personne. Elle repose sur la justice sociale et vise à faire bénéficier l’ensemble des acteurs sur le marché. Par rapport à ce que l’on connaît aujourd’hui, ici l’économie doit être une science qui doit permettre de répartir la richesse et éradiquer la pauvreté. Il y a ainsi un certain nombre de systèmes de répartition comme la zakad qui est l’impôt social purificateur qui est redistribué aux nécessiteux.
Ces principes sont connus, classiques, de bon sens, je pense que tout le monde peut les comprendre, qu’on soit de confession musulmane ou pas. Ces principes ont un écho très fort aujourd’hui avec l’actualité que l’on connaît sur la crise économique.

Comment sont nées les banques islamiques ?

La finance islamique en tant que tel n’existe pas de façon naturelle. Il y a avant tout une réflexion et un corpus méthodologique avec un certain nombre d’outils, de techniques de financement. Les banques islamiques sont des établissements qui proposent des produits qui respectent cette éthique, ces règles et fondements donc on peut avoir une banque islamique à 100% ou on peut avoir des produits de finance islamique qui sont distribués à un certain nombre d’autres banques. Ce sont des fenêtres islamiques dans les banques conventionnelles. Ce modèle est très développé dans le monde occidental, en Angleterre notamment. Les grands groupes comme HSBC, Lloyds tsb, Deutsch Bank etc. de par le monde fournissent un certain nombre de services à l’intérieur même de leur structure bancaire conventionnelle.
Le modèle de banque islamique en tant que tel date d’il y a une trentaine d’années ; les premières expériences ont eu lieu en Egypte en Iran et la plus aboutie et ce encore aujourd’hui la Dubai Islamic Bank mise en place dans les années 1970. Cette banque est universelle qui fait aussi bien banque de service de détail pour les particuliers mais aussi banque d’investissement pour les professionnels. Aujourd’hui on compte énormément de banques partout dans le monde et notamment en Asie ; en Malaisie il y a un système bancaire dense et solide.

Certaines voix s’élèvent et émettent des doutes sur l’activité des banques islamiques, leur reprochant souvent un manque de transparence dans leur comptabilité et leur gestion et considèrent que les banques islamiques peuvent être le refuge de certaines activités.

On a longtemps été suspicieux envers la finance islamique en la mêlant au terrorisme et à l’argent sale. Aujourd’hui ce n’est plus un phénomène de mode ou à petite échelle, c’est très développé : on parle de 700 milliards de dollars d’actifs de finance islamique et les prévisions montrent qu’on peut aller jusqu’à 1000, 2000 milliards d’ici quelques années selon la banque mondiale, le FMI et de différentes agences de notation. La finance islamique est une industrie de 30 ans d’âge qui commence à être mature, qui a ses fondements et ses garde-fous et structures. Ce qui est plus intéressant c’est de voir qu’aujourd’hui, et je vais prendre quelques exemples de l’actualité, Joseph Stiglitz prix nobel de l’économie, responsable à l’ONU pour faire des propositions de réforme du système financier mondial.
Il recommande dans son dernier rapport à l’ONU de voir l’intérêt de la finance islamique dans ses principes qui peuvent donner des pistes de solutions à la crise actuelle. Le Vatican, par le biais du Pape qui a fait un discours reprenant certains principes de la finance islamique. La micro-finance islamique est un modèle très répandu. Je pense que aussi bien mondialement que nationalement, la finance islamique n’est plus une petite niche. Elle devient un système de par ses fondements et s’inscrit dans le système financier global avec ces propres principes qui encore une fois prouve une certaine équité qui pourrait apporter des pistes de solutions à la crise actuelle.

Par rapport à cette croissance florissante que connaît la finance islamique, on note en France où les politiques étaient plus réservés, un engagement dans le développement de la finance islamique.

Effectivement en France, jusqu’à il y a quelques mois on entendait parler de la finance islamique dans les cercles initiés notamment universitaires mais très peu dans le milieu des affaires et encore moins dans le grand public. Londres s’était positionnée comme un hub de la finance islamique. L’ancien chancelier de l’échiquier Gordon Brown en avait fait son cheval de bataille en disant que Londres devait être la première place financière en finance islamique mondiale, il y est parvenu. A Paris on s’est rendu compte qu’on passait à côté d’un phénomène important et qu’il fallait se donner les moyens de se positionner dans cet échiquier mondial mais aussi attirer les capitaux de cette typologie de finance.
Concrètement cela s’est traduit par un certain nombre d’initiatives : le Sénat en 2008, Bercy par la biais de Christine Lagarde qui avait fait un certain nombre d’annonces en disant qu’elle demandait à son administration de réfléchir et commanditait un rapport à Europlace (qui est l’organisation qui regroupe les institutions financières afin de faire des propositions) ce qui a donné lieu en décembre 2008 à un certain nombre d’aménagements dans la loi plutôt de nature fiscale (fiches doctrinales publiées par Bercy en décembre 2008 et qui ont donné lieu à la publication officielle en février de cette année des instructions fiscales qui aujourd’hui permettent de clarifier les montages de cette finance islamique qui suivent deux grands axes : le premier qui est les montages d’achat/revente avec charge (muhabura) qui signifie que la banque que la banque achète le bien pour le revendre donc par exemple un bien immobilier ou un bien meuble. La banque a un rôle financier mais aussi un rôle de responsable et même de propriétaire dans la partie. Il y a une double transaction achat et revente donc il y a un certain nombre de frottements fiscaux donc avec cette instruction fiscale on abolit la double taxation sur l’achat revente et concernant les obligations islamiques notamment les sukuks, qui permettent le refinancement, le portage multiple de refinancement donc de pouvoir considérer leur rémunération dans le cadre de la finance islamique afin de ne pas être taxé. Sur un principe de neutralité fiscale, les contrats de finance islamique ne sont pas ni privilégiés ni diminués par rapport au montage conventionnel.

Pour finir, vous disiez que la finance islamique ne pouvait pas répondre à l’ensemble des besoins financiers cependant pourrait-elle être une solution partielle à l’économie actuelle jugée trop immorale.

Effectivement on a beaucoup parlé de toutes ces années d’exagération dans l’économie, on arrive à un système qui ne produit plus les effets qu’on peut escompter c’est-à-dire être au service de l’homme et des citoyens en répondant à leur besoin de financement et deuxièmement d’avoir créé une bête, un monstre qu’on ne contrôle plus. On a parlé des hedge funds, on a parlé des paradis fiscaux, on a parlé de tous ces phénomènes spéculatifs. Il y a un vrai problème de régulation et de contrôle. Je pense que la finance islamique a là tout son rôle à jouer : premièrement un rôle de principes fondamentaux. On ne peut pas aller dans des opacités de contrat, on ne peut pas cacher des aléas sous différentes formes, on ne peut pas utiliser des moyens de spéculation, on ne peut pas établir de relations inégales entre les différentes parties. Ainsi, je pense qu’il y a des principes positifs qui sont intéressants à intégrer. Aujourd’hui on parle d’une nouvelle régulation mondiale, d’un nouvel ordre mondial et je pense que ces principes-là peuvent être repris au nom du bon sens.
La religion n’a rien à voir avec ça. La force de la finance islamique réside dans le fait qu’elle est d’une essence religieuse mais qu’elle a une résonnance totalement éthique et est compréhensible par tout le monde. De plus, dans la finance islamique, il y a une notion forte de justice sociale, de partage de la richesse. Elle n’est pas totalement appliquée dans les pays qui utilisent la finance islamique mais en tous cas dans ses principes, la richesse n’appartient pas à l’homme, l’homme n’est qu’un représentant de Dieu sur la Terre. Il peut faire du profit, le profit est d’ailleurs encouragé mais cela doit être fait avec une certaine responsabilité et profiter au plus grand nombre. D’un côté on peut apporter un éclairage moral à la finance conventionnelle, d’autre part il faut essayer de responsabiliser davantage les acteurs avec cette justice sociale, cette équité entre les différents acteurs. Il y a également une dimension participative : les financiers ont leur rôle à jouer. Le discours accusatoire envers les banquiers doit cesser d’être, les banquiers sont nécessaires à la société ils participent au développement de l’économie mais ils doivent prendre leurs responsabilités. L’une d’elle est de prendre des risques et non pas de transférer les risques. C’est là le problème que l’on a rencontré avec les subprimes : les banques structuraient de nouveaux produits, avec des risques toujours plus importants mais dans l’optique de ne pas le porter sur soi et de le transférer jusqu’à l’effondrement du château de cartes. Il faut donc une responsabilisation, une clarification dans les schémas et enfin une participation de tous les acteurs pour un nouvel élan de la finance globale.
_____________________________

• Analyse de la forme de l’entretien :
Cet entretien a été réalisé par téléphone en direct de Tunis. M. Najah Chekir était très disposé à nous aider et n’hésitait pas à reformuler ou à répéter certaines phrases.

• Analyse du fond de l’entretien :
Nous constatons que M. Najah Chekir connaît très bien les mécanismes de la finance islamique et ses produits. Il est par ailleurs plutôt optimiste quant à l’essor de la finance islamique en France : selon lui il y aurait eu une rupture relativement récente qui aurait abouti à une acception plus grande de ce système. A la fin de l’entretien, M. Chekir recommande aux financiers « conventionnels » de s’inspirer de la finance islamique et tout particulièrement de trois aspects : la responsabilité, la clarté ou la transparence et la participation de tous les acteurs. Il est cependant critique envers la finance islamique lorsqu’il suppose que ces aspects de la finance islamique sont davantage théoriques que pratiques dans certains pays.
Mohamed Wajdi Najar
​
Pouvez-vous vous présenter et décrire votre formation?

Je m’appelle Najar Mohamed Wajdi et j'ai 33 ans. J'ai eu ma maîtrise en économie financière et bancaire puis j'ai enseigné la micro et macro économie et après j'ai commencé à créer des petits projets. Actuellement je suis apporteur d'affaire et coach, sales manager d'un magazine "Waiting-Room". J'ai commencé à faire des recherches en finance islamique en 2002 suite à un cours d’économie monétaire. Lors de ce cours, j'avais remarqué que la monnaie était devenue une arme fatale pour l'Economie mondiale, j'ai alors commencé à chercher d'autres moyens qui puissent permettre aux Etats d’éviter cette arme dangereuse qui peut « exploser » dans le futur si les modes de financement et les politiques monétaires restent inchangés ! A ce moment-là, j'ai voulu trouver d'autres écoles différentes de celles du genre classique (c’est-à-dire les école Keynesienne et Néoclasssique). Je suis remonté dans le temps et ai donc pensé à l'or et le commerce en Islam. Un livre m’a beaucoup appris sur le sujet, c’est celui de Alhalal Wal Haram Youssef Karadhawi intitulé Les produits islamiques et l'interdiction de GHARAR et RIBA .... et cette lecture représente pour moi le départ de l'histoire de la finance islamique dans ma vie.

Pourquoi vous êtes-vous intéressé à la FI ?

Premièrement parce qu’en tant que musulman j’avais l’occasion d’en savoir plus sur la sonna (recueil des dits et faits de Mahomet, occupant le second rang après le Coran). Deuxièmement parce que ALLAH est omniscient et parfait et en ce sens la finance qui est proscrite  par la religion musulmane est aussi parfaite et irréprochable.

Comme j'ai étudié l’économie laïque et la finance bancaire en économie, j'ai bien saisi qu'un jour le capitalisme sauvage quittera ce système qui fait des riches des plus riches et des pauvres des plus pauvres. Le système financier actuel finira par être remplacé par un autre système qui garantira la continuité avec le système précédent mais qui portera le nom « Islamique » mais cela ne se réalise en quelques années, il faut laisser le temps au temps. Au final, je suis convaincu qu’il ne nous restera plus qu’à appliquer cette finance éthique et équitable qui a pour objectif la meilleure exploitation possible et le meilleur partage possible des ressources.

Et donc pensez-vous justement que la finance islamique nous permettra d'éviter certaines dérives actuelles de la finance conventionnelle?

Oui, non seulement elle permet d’éviter certaines dérives de la finance actuelle mais en plus, elle propose d’autres techniques, d’autres moyens de couverture du risque et d’autres produits qui sont à la base islamiques mais facilement acceptés par les particuliers, les banques ou l’Etat.

De plus, l’application de la finance islamique exigerait l’instauration d’un cadre règlementaire spécifique que la finance conventionnelle n’a pas. Ce cadre règlementaire implique l’obéissance à des clauses et des conditions financières et commerciales pour chaque opération.

Pourquoi, à votre avis, les banques conventionnelles peuvent se montrer réticentes à la finance islamique?

Même réticentes, les banques conventionnelles n'ont plus le choix : il y a un phénomène de risque systématique avec les banques conventionnelles. La finance islamique peut se présenter comme une solution à cette présence de risque permanente. Elle se présente comme une solution notamment grâce à sa règle d'or : les 3 « P » (Partage des Profits et des Pertes). Cette règle garantit :
- la liquidité
- le partage des risques même si ces banques gardent leurs produits traditionnels.

Ce n’est donc pas une question de choix des banques conventionnelles d’adopter la finance islamique ou non car ces dernières se voient suivre les tendances dominantes qui paraissent les plus efficace. A vrai dire,  les banques conventionnelles se montrent certes réticentes mais en réalité elles sont en train de changer mais sans l’annoncer clairement pour ne pas prendre le risque de perdre la crédibilité de leurs clients qui sont parfois contre le nom d’Islam.

Donc vue la réticence de pays occidentaux face au simple mot "islamique", ne pensez-vous pas qu'une finance inspirée des fondamentaux de la finance islamique pourrait être une réponse adaptée à la crise actuelle? Ou est-ce concrètement impossible de changer le mode de fonctionnement des banques conventionnelles?

J'ai bien précisé qu’il y a des banques conventionnelles qui ont nommé la finance islamique : « finance éthique ». Ce remplacement de mot reflète très bien la réticence du monde occidental.  Mais cette substitution n'a pas marché parce que l’éthique est une des règles principales de l'islam et de la finance islamique.

Les banques conventionnelles sont tout simplement dans un deal : soit toutes les banques acceptent de se plier à la finance islamique, soit chacune de son côté instaure un système financier reflétant une fausse définition de la vraie finance islamique.

Que pensez-vous du développement de la finance islamique dans le monde occident ?

Selon moi, ce développement se fait clairement sur deux axes :

-  le développement de la finance islamique est produit d’une croissance maintenue accéléré mais à court et moyen terme  et le problème vient d’un système très vieux (conventionnelle) qui a causé différentes crises.
La progression de la finance islamique au début du siècle dans le monde occidental était un simple produit supplémentaire au sein des banques conventionnelles qui seulement plus tard ont vécu différentes crises et différents problèmes liés au  risque de liquidité. Ainsi il est trop tard  pour parler de la finance islamique comme outil de sauvetage pour les banques.

- Le deuxième axe expliquant le développement de la finance islamique est celui des non musulmans et des musulmans vus comme consommateurs de produits islamiques auprès des banques. La tendance de remontée d’Islam les force, pour se satisfaire, à investir dans de telles banques et donc de participer à son développement.

Voyez-vous des limites à la finance islamique ?

M. Najar a insisté sur une confusion trop souvent faite : ne pas confondre banque islamique et finance islamique.
(à cette question, M. Najar nous a répondu d’une manière assez surprenante)
Pour moi, cette question est la même que celle-ci : « dormir, manger , parler , chanter , se marier , pleurer , vivre , a des limites ? »
Je m'explique : la finance islamique, c'est la manière avec laquelle on se comporte entre nous pour bien exploiter nos ressources  et réussir  à arriver à un équilibre entre  l'Etat  le consommateur et le producteur sans tomber dans le HARAM (ce qui est pêché). Par définition, la finance islamique ayant été créée par ALLAH est parfait. En cela, elle n’a pas de limite.
Mais en revanche, je veux bien vous avouer qu’une limite à la finance islamique existe pour moi : en deux mots, la corruption.
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Analyse de l’entretien :

• Prise de contact :
Ayant trouvé son contact sur un groupe Facebook de chercheur en finance islamique, nous avons demandé d’être ajouté dans ce groupe puis sommes entrés en contact avec M. Najar.
Ce dernier a été ravi que de jeunes étudiants s’intéressent à son sujet de prédilection. Il  a donc tout de suite été enthousiaste à l’idée de faire cet entretien qui a été prévu pour le lendemain de la prise de contact.
• Analyse de la forme de l’entretien :
Malheureusement, résident en Tunisie (à Nabeul), nous avons dû faire cet entretien par vidéoconférence en trois fois. C’est pourquoi nous tenons encore à le remercier pour tout le temps qu’il nous a consacré.
Autre difficulté : la langue. Bien que M. Nadar maîtrise le français, nous avons souvent eu du mal à nous comprendre. Après acharnement, nous sommes néanmoins parvenus à nous comprendre et à débattre sur le sujet.

• Analyse du fond de l’entretien :
Sans que M. Nadar nous le dise, nous avons compris qu’il était musulman pratiquant. Des arguments parfois prosélytes et une ardeur dans ses phrases montraient qu’il parlait comme défenseur de la finance islamique qui finira de toute façon par le remporter sur la finance actuelle. Il dénonce cependant les banques qui ne font que de la « pseudo-finance islamique » seulement dans l’intention d’attirer les musulmans voulant se donner bonne conscients. Il voit ce phénomène comme de « l’hypocrisie totale ». Nous retiendrons en tout cas ce personnage atypique mais extrêmement sympathique.
Mohamed Arrar

Pouvez-vous vous présenter ? Et quel est votre parcours ?

Je me suis chargé de la commission thématique du séminaire sur les expériences réussies en finance islamique à Tunis et j'ai travaillé avec des intervenants d’Angleterre dans le cadre de mes études là-bas sur le thème : 'UK experience in Islamic finance: prons and cons'.

Comment définissez-vous la finance islamique ?

La finance islamique théoriquement est définie comme un 'sharing-system' c'est à dire qu'elle est fondée sur le partage des pertes et profits et le partage des risques.
D'un point de vue pratique, l'industrie de la finance islamique est directement lié à l'économie réelle en conformité avec les prescriptions de la religion islamique.

Quelles sont les règles qui constituent le socle  de la finance islamique ?
 


Les produits de la finance islamique reposent aujourd’hui sur des règles qui font consensus. Ainsi, cinq principes fondamentaux doivent guider l’opération  financière :

- éviter le riba, terme coranique qui désigne à la fois l’usure et l’intérêt. Si l’on applique rigoureusement l’Islam, en effet, la riba est même frappée d’une interdiction absolue;

- d’autre part, l’opération financière doit reposer sur un bien réel ou un actif déterminable ;

- éviter les actifs illicites. Des secteurs précis de l’industrie sont en effet proscrits. Les actifs illicites comme ceux portant sur les jeux d’argent, le tabac ou ceux des entreprises dont les taux d’endettement seraient considérés comme exagérés ou excessifs, d’où une minimisation des risques et un certain respect à un code éthique et moral (si l’on associe la morale à la religion) ;

- les opérations aléatoires ou incertaines sont à proscrire également, je pense par exemple à la spéculation risquée. En finance islamique, ces opérations sont même qualifiées d’illicites ;

- pour finir, l’opération doit respecter le principe des trois « P » (Partage des Profits et des Pertes).

Vous insistez sur le fait que la finance islamique se démarque par l’importance qu’elle attache aux questions d’évaluation et de gestion du risque. Pouvez-vous développer cette idée ?


D’après les cinq fondamentaux que je viens de vous citer, on constate que tous les produits financiers proposés par la finance islamique sont fondés sur cette notion d’évaluation du risque. Mais notons que tout ceci est théorique.
En réalité, les établissements pratiquant la finance islamique ont du mal à se plier à cette gestion du risque. Ainsi,  l’expansion et l’intégration de la finance islamique dans le système financier international ont aussi mis en valeur la nécessité d’une gestion du risque renforcée au sein des établissements offrant des services financiers islamiques.

Malgré cette difficulté, la finance islamique a réussi à se développer dans un contexte de crise financière mondiale. Pouvez-vous expliquer pourquoi et comment cette dernière a pu se mettre à l’abri des turbulences financière mondiale ?


Il est en effet remarquable de noter qu’alors que la finance conventionnelle souffre d’une crise à laquelle elle peine à sortir, la finance islamique, à l’inverse, connaît une expansion qui, personnellement m’impressionne. Je pense que cela est surtout du u fait que la finance islamique fait figure de nouveau venue dans la finance internationale. C’est en partie pourquoi elle est  restée à l’abri des grosses turbulences qu’endurent les plus importantes banques et institutions financières internationaux. Ces dernières, comme nous avons pu le remarquer en 2007 lors de la crise des subprimes notamment, enregistrent des faillites, des dépréciations énormes d’actifs et parfois une insolvabilité de leurs clients entraînant des emprunts non remboursés. Les analystes ont expliqué que c’est à cause d’une bulle spéculative qui a explosé que l’on en est arrivé à là. C’est là où s’impose une comparaison entre finance conventionnelle et finance islamique car cette dernière se fonde sur le rejet de toute sorte de spéculation  et de prise de risque. Ainsi la finance islamique a échappé à la crise car elle n’a rien avoir avec les éléments qui ont causé la crise financière (je veux dire par là la spéculation et la prise de risque notamment).


Du point de vue de la France, constatez-vous un retard de ce pays par rapport à d’autres pays d’Europe comme l’Angleterre en matière de développement de la finance islamique ?

En effet, la France est en retard par rapport aux pays comme le Luxembourg et l’Angleterre puisque Paris Europlace n'a pas vraiment réussi à attirer les investissements IDE malgré les amendements législatifs, les études menées par des chercheurs et le lancement d'un master en Finance islamique.

Le problème est essentiellement lié à des facteurs socio-culturels et politico-économiques puisque la diversité et l'inclusion socio-culturelles dans le modèle anglo-saxon ont été des précurseurs ayant trait à l’émergence d'institutions financières islamiques. Ces dernières ont réussi à profiter du degré de libéralisation financière et aussi de la flexibilité législative de ce modèle pour développer cette industrie qui a attiré les fonds aussi locaux qu'étrangers.

Voyez-vous des limites à la finance islamique et quels sont ses défis à relever pour qu’elle soit applicable sur du long terme ?

Malgré son expansion fulgurante depuis quelques décennies, la finance islamique connaît, elle aussi, des difficultés. En effet, la finance islamique fait non seulement face aux contraintes et aux risques traditionnels mais elle est aussi confrontée à une insuffisance de normalisation comptable qui vient fragiliser son développement à moyen terme. A ce problème, des institutions tentent d’y remédier ; je pense notamment à l’Islamic Financial Services Board (IFSB) qui est un organisme de normalisation international destiné à renforcer la stabilité des services de finance islamique en publiant des normes prudentielles internationales.

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Analyse de l’entretien

• Prise de contact :
Une personne de notre groupe ayant pu s’ajouter dans un groupe Facebook de chercheurs en finance islamique, nous avons pu contacter une multitude de personnes très spécialisées dans le domaine.  Des chercheurs-enseignants, aux professeurs en passant par des doctorants ou des maîtres de conférences de prestigieuses écoles telles que Dauphine, nous avons contacté le maximum de personnes. Parmi les personnes nous ayant répondu, M. Mohamed Arrar a répondu positivement à notre demande pour un entretien. Nous avons donc profité de Soraya Mghaieth qui était en Tunisie pour qu’elle le rencontre à Tunis, ville où il est chargé de la commission thématique pour les expériences en finance islamique réussie.

• Analyse de la forme de l’entretien :
M. Arrar s’est montré très pédagogue et scolaire dans ses définitions et explications des fondements de la finance islamique. Nous avons ensuite eu grâce à lui une analyse pertinente de la crise financière actuelle et de ses causes pour ensuite continuer avec une mise en parallèle de la finance conventionnelle et de la finance islamique. Pour conclure, nous avons fini sur la situation de la finance islamique en France bien qu’il nous ait confié que ce n’était pas son sujet de prédilection.

• Analyse du fond de l’entretien :
Très peu subjectif et ne faisant pas preuve de prosélytisme, nous avons retrouvé dans ce que M. Arrar disait ce que nous avions déjà lu dans des livres expliquant les aspects techniques de la finance islamique ; d’où son discours très pédagogique et instructif.

Victor Huet, Wealth Management chez UBS

Bonjour Monsieur Huet, pourriez vous, en quelques mot, vous présentez et décrire votre activité chez UBS ainsi que les diverses activités de votre banque ?

Je travaille comme conseil en gestion de fortune chez UBS WM pour une clientèle française et internationale depuis Genève pour les grands comptes de la banque (Ultra-High-Net-Worth / Family Offices et grands Entrepreneurs). C'est l'axe de développement stratégique prioritaire de la banque pour les années à venir. UBS s'est récemment concentré sur son core business à savoir le WM, en particulier pour les plus grandes fortunes. UBS est également active dans la partie banque d'affaires (se reconcentre récemment sur les activités où la banque était bien positionnée historiquement et avec une forte valeur ajoutée pour les grands clients WM - Conseil M&A, ECM, FX, etc.) et dans la gestion d'actifs pour de grands clients institutionnels. Les actifs gérés globalement sont de l'ordre de 2'300 milliards USD.

Depuis 2007, le monde de la finance traverse une crise majeure, pourriez vous nous donner un rapide diagnostic des errements qui ont menés à de tels excès ?

Quelques raisons importantes à mon avis :

- mauvaise maitrise du risque dans des activités comme le prop trading
- prédominance de modeles très quantitatifs dans les banques au niveau du trading¨
- titrisation / dissémination du risque à tous les acteurs économiques
- législations mise en place par les Etats notamment US dans le cadre des subprimes (politique Clinton / Greenspan puis Bush d'accession massive a la propriété)
- déconnexion entre l'activité des banques et l'économie réelle

Selon vous une régulation de la finance s'impose-t-elle? Votre banque a-t-elle mis en place les mesures de régulation préconisées par les gouvernements et institutions internationales ?

Une régulation plus stricte s'impose bien entendu, mais celle ci doit aussi s'appliquer au shadow banking qui se développe avec les HF et d'autres gros fonds type Blackrock, etc. qui a la recherche de rendement pour leurs clients et non soumis aux même contraintes réglementaires que les banques internationales (Bale III), se substituent aux banques sur des activités de financement avec un effet de levier extrêmement agressif.
C'est évidemment un danger UBS est aujourd'hui la banque la mieux capitalisée au monde, la FINMA étant largement plus restrictive que les autres autorités de contrôle dans d'autres pays. UBS se repositionne sur ce qu'elle sait faire: gerer des actifs de manière sure et fiable, avec une banque d affaires et une Gestion d'Actifs plus fits, au service du WM.  

Avez vous déjà entendu parler de la finance islamique?

Oui. Nous émettons occasionnellement des fonds qui respectent ces principes.

Quels sont les clients de ces fonds que vous émettez ?

Majoritairement, les clients des ces Produits "Shariah Compliant" que nous proposons sont des clients d'origine musulmane et largement pratiquants. Nombre de ces clients son originaires du Golfe et ne souhaitent pas Transiger avec les règles de l'Islam.
Néanmoins, ces fonds sont réputés comme relativement surs pour les investisseurs et commencent à intéresser de plus en plus de clients occidentaux.

Pourquoi un tel type de finance peine-t-il à s'installer dans nos places boursières ?

Il me semble qu'il faut tout d'abord nuancer ce constat. Cette finance dite islamique était encore ultra minoritaire il y a encore peu. Sans avoir les chiffres précis en Tête, il me semble que le volume des actifs de ce type de finance a évolué de manière exponentielle au cours des dernières années.

Néanmoins, certaines raisons assez évidentes font que cette finance peine un peu à s'installer. Bien que sûrs ces produits sont souvent très contraignants et souffrent donc de la concurrence des produits traditionnels bien plus malléables. Il est difficile de faire accepter aux investisseurs des produits respectant des contraintes d'une religion qu'ils ne partagent souvent pas.

Je pense également qu'un aspect psychologique à propos de l'Islam est prédominant dans nos sociétés et freinent certainement les investisseurs.

Selon vous le mot "islamique" est il susceptible de dissuader des investisseurs ? Pourquoi ?

Oui à mon avis, dans le climat actuel, le terme "islamique" peut dissuader certains investisseurs de se renseigner plus quant à ces produits qu'ils ne connaissent pas. Une autre dénomination serait peut-être plus appropriée dans les grands centres bancaires européens.

Considérez vous la finance islamique plus éthique que la finance occidentale moderne ?

Je ne suis pas un expert dans ce type de finance, mais il semble néanmoins que la finance islamique suive des règles que la finance d'aujourd'hui a oublié. Néanmoins je souhaiterais revenir sur cette question d'éthique.

Sans vouloir disculper la finance de tous ses torts, il me semble un peu facile de la faire passer pour le bouc émissaire de tout ce qui va de travers dans nos sociétés. N'oublions pas aussi que la finance est un chainon essentiel de l'économie dans son rôle de sphère assurentielle.

Il y a aussi pour moi une forme d'hypocrisie dans toutes ces mesures présentées pour réformer la finance. Très peu d'entre elles ont été mises en place et les politiques ne semblent plus avoir la ferme volonté de réguler un système financier reparti de plus belle. Certes quelques actions ont été mises en place, UBS en a largement pâti. Cependant il n'y a pas eu selon moi de changement en profondeur.

La finance devrait elle à nouveau être assujettie à une règle morale comma la finance islamique ?

Si je ne nie pas le fait de l'existence d'un besoin de régulation, il ne me semble pas qu'il soit du gout de nos sociétés occidentales d'assujettir l'économie à un principe moral ou à une règle religieuse comme dans le cas de la finance islamique. Je persiste à penser que l'on jette trop la pierre à la finance aujourd'hui.

Madame Lagarde, alors ministre de l'économie, va jusqu'à évoquer la finance islamique comme une alternative aux maux de notre système financier.
Bien sûr que certains principes de la finance islamique pourraient certainement être une source d'inspiration pour des réformes futurs. Cependant je pense qu'il s'agit aussi là d'un épouvantail agité en temps de crise.

Dans l'idée peut-être que ce type de finance pourrait parer aux maux de notre système. Pour autant je ne pense pas que ni les politiques ni les grandes institutions bancaires n'aient l'intention de réformer le système véritablement.



Résumé de l'entretien

Monsieur Huet est banquier dans la section Wealth Management de la banque UBS à Genève. UBS est elle même une banque qui propose des produits et des fonds respectant les principes de la shariah.

Si nous avons déjà eu l'avis d'experts en finance islamique et de personnes d'origine musulmane. Il nous a paru intéressant d'avoir aussi l'avis d'un banquier occidental travaillant dans une des plus grosses places boursières au monde.

Nous avons d'abord évoqué au début de l'entretien les dérives de la finance aujourd'hui. On retrouve dans ses explications des arguments finalement assez classiques : titrisation, législation de l'administration Clinton avec la participation d'Adam Greenspan à la FED. Dissimulation des risques dans des produits très complexes et prédominance de modèles quantitatifs dans les activités de prop trading. Enfin déconnexion des activités bancaires avec l'économie réelle.

Celui-ci partage aussi l'idée qu'une régulation est nécessaire aujourd'hui et souligne le fait qu'UBS s'éloigne de la spéculation à outrance pour se reconcentrer sur son activités d'origine ou le Wealth Management. Précisons ici que l'activité de trading d'UBS perd beaucoup d'argent et qu'UBS a subi de lourdes amendes dont une au mois de décembre 2012 de 1,4 milliards de franc suisses. Plus qu'une réponse à des mesures de régulation, il s'agit avant tout d'un repositionnement stratégique et inévitable pour UBS.

UBS émet des fonds qui respectent ces principes de la finance islamique. Ces fonds sont majoritairement dirigés vers des personnes de confession musulmane même si cette tendance semble s'inverser quelque peu.
Lorsqu'on interroge Monsieur Huet sur des questions éthiques de la finance actuelle telles que : "Considérez vous la finance islamique plus éthique que la finance occidentale moderne?" ou : "La finance devrait elle à nouveau être assujettie à une règle morale comma la finance islamique?", celui-ci concède des qualités à ce nouveau type de finance plus sûr mais s'agace aussi du blâme qui
est constamment fait à la finance moderne.
Selon lui, celle-ci n'est pas responsable de tous nos maux et l'on oublie souvent vite le rôle essentielle qu'elle joue dans nos économies. Il y a aussi selon lui une forme de démagogie a brandir des solutions miracles telle que la finance islamique aujourd'hui. Les gens ont envie d'entendre parler de telles solutions, ils en ont marre des dérives actuelles. Pour autant il s'agirait certainement Ici d'un leurre dans le sens où les grandes forces politiques comme les grandes institutions bancaires ne semblent pas disposées à mettre en place une véritable politique de régulation.